Comment démontrer, s’il le fallait encore, que le train avant d’une Focus RS digère sans peine 305 chevaux ? En lui en donnant 45 de plus en pâture, pardi ! Un dernier défi relevé avec maestria par la compacte à l’Ovale, qui s’offre une sortie en fanfare !
Un phénomène, cette RS. Lancée début 2009 pour commémorer le dixième anniversaire de la Focus et les 40 ans de la mythique griffe sportive, cette traction infernale a déclenché un séisme dans l’univers des grosses GTI. En témoigne son succès dans l’Hexagone, où plus de 1 000 commandes ont été enregistrées en 12 mois, soit plus du triple des ambitions que Ford France nourrissait sur 2 ans.
Célébrant ce plébiscite au crépuscule de la carrière de la Focus, dont la 3e génération n’arrivera qu’au 1er trimestre 2011, la série limitée RS500 a été accueillie avec la même frénésie. Le tirage au sort visant à attribuer les 56 exemplaires de l’auto réservés au marché français ( 54 pour être exact, un modèle étant destiné au Club Cosworth France et un autre à une vente aux enchères au profit d’une oeuvre caritative ) a ainsi fait l’objet de 1 140 candidatures !
En Grande Bretagne, Ford UK s’est même décidé à proposer sa préparation mécanique sous forme d’évolution sur la version classique afin de consoler les retardataires, à la manière des kit Essesse disponibles sur les bombinettes Abarth.
Bref, les fidèles des Ford sportives l’ont compris, la RS500 se pose en digne héritière de la Sierra Cosworth RS500, rendue célèbre sur la piste par ses nombreuses victoires et dans la rue par son aileron monumental. L’exclusivité de sa descendante est garantie par sa production limitée à 500 unités, sa teinte noire mate spécifique – en l’occurrence un film adhésif conçu par 3M appliqué à la main sur chaque exemplaire à sa sortie de l’usine allemande de Saarlouis -, ses jantes noires de 19 pouces, sa puissance portée de 305 à 350 ch et… son tarif rehaussé de près de 8 000 euros, à 42 600 euros. Lequel n’a visiblement pas refroidi les ardeurs des intéressés !
Un punch époustouflant
A bord de l’engin, le rouge est à l’honneur ; une teinte faisant écho aux étriers de freins et que l’on retrouve sur les impressionnants sièges Recaro, les surpiqûres du volant, du levier de vitesse et des contre-portes, et sur l’ incontournable plaque numérotée au tableau de bord.
Bien que familiarisés avec l’ambiance sonore spectaculaire de la RS lors d’un premier essai, nous avons à nouveau été saisis par le caractère très bavard de sa mécanique. Son échappement prolixe en gargarismes, grondements et pétarades et son turbo sifflant à tout-va et régurgitant gaiement les gaz sous pression au lever de pied font de sa conduite une expérience unique.
Sur ce point, la RS500 ne se distingue guère de son homologue de 305 ch. Mais il en va autrement de ses accélérations. Éloquentes sur cette dernière, elles deviennent ici dévastatrices, oppressantes passé 2 500 tr/min et qui plus est interminables grâce à l’entrée en action retardée de la soupape de décharge du turbo. La souplesse y gagne encore : plus que jamais, il apparaît inutile de brutaliser le 5 cylindres pour en tirer la quintessence. Celui-ci relance l’auto avec une énergie folle quel que soit le régime ou le rapport engagé.
Revolve Technologie, en charge de cette préparation, n’a pourtant retravaillé le 5 cylindres 2.5 que dans le détail en revoyant à la hausse le format de son échangeur air/air et de son boîtier d’admission, en recalibrant sa gestion électronique et en renforçant la pompe à carburant, mais sans retoucher à la pression de suralimentation du turbo (1,4 bar).
Restait à vérifier la capacité du châssis à encaisser dans la durée les 350 ch obtenus, exercice pour lequel 3 pilotes se sont relayés afin de boucler 500 tours non-stop du Nürburgring ! Verdict ? Pas de problème…
Le train avant à pivots découplés et l’autobloquant de cette Ford accomplissent, il est vrai, de nouveaux miracles. La cavalerie n’a en effet pas plus de mal à passer au sol que sur la RS classique, malgré les 45 ch et 20 Nm de couple supplémentaires (soit 460 Nm disponibles entre 2 500 et 4 500 tr/min). A pleine charge, tout juste note-t-on les hésitations légèrement plus sensibles du museau dans le maintien de cap. Mais les effets secondaires rencontrés sur les grosses tractions sont à nouveau parfaitement contenus.
Face au chronomètre, les progrès n’ont rien de spectaculaires mais confortent la Focus au sommet de la catégorie, face aux Mazda3 MPS, Seat Leon Cupra R et Renault Mégane RS, laquelle n’a pas dit son dernier mot. Le 0 à 100 km/h gagne ainsi 0,3 secondes à 5,6 s, et la vitesse maxi 10 km/h pour pointer à 265 km/h.
Moins concerné par les « petits plus » de cette préparation, le châssis de la RS500 reste fidèle à lui même: exceptionnel. L’amortissement rigoureux mais jamais brutal, le train avant rivé au sol, l’arrière volontiers mobile au lever de pied et les commandes fluides et précises participent au plaisir intense éprouvé au volant. On regrettera seulement, à nouveau, la position de conduite un peu trop haute et la finition pas toujours à la hauteur de l’engin.
Au pinacle des grosses GTI
Futur collector incontestable, cette série limitée fera sans peine le bonheur de ses 500 acquéreurs, qui épancheront avec elle leur soif d’exclusivité. Inutile de préciser qu’il sera vain de se précipiter en concession pour en décrocher un exemplaire, tous les modèles français ayant déjà été attribués. Pour les retardataires, il restera donc le marché de l’occasion, où le prix déjà salé de cette machine exceptionnelle pourrait bien s’envoler.
Crédit: www.autodéclics.com / Bertrand Debeuret